★ Expo « Traversée de nuit » : Le centre d’art Châteauvert reçoit Martine FEIPEL & Jean BECHAMEIL
Dans le Var, en « Agglomération Provence Verte », le centre d’art contemporain Châteauvert a rouvert ses portes le 7 juillet 2023, après plusieurs mois de travaux. C’est avec l’exposition « Traversée de nuit » des artistes Martine Feipel & Jean Béchameil, qu’il célèbre l’événement. Le duo exprime une réflexion sur le monde, avec pour dénominateur commun : la nature et son appréhension par les êtres humains. À découvrir jusqu’au 26 novembre prochain.
A Châteauvert, « Traversée de nuit » expose pour la 1ère fois dans une institution culturelle du sud de la France
Installés à Bruxelles, la luxembourgeoise Martine Feipel et le français Jean Bechameil forment un duo d’artistes reconnus internationalement. En 2011, ils ont représenté le Luxembourg lors de la Biennale de Venise. Habités d’une grande sensibilité à la théâtralité du monde et ses beautés, ils allient leurs nombreux savoir-faire comme le dessin, la sculpture, l’ingénierie, la mise en scène, ou bien le décor (notamment pour plusieurs films de Lars von Trier). Martine Feipel & Jean Bechameil produisent une œuvre aussi formellement aboutie que fortement engagée. Ils proposent des pistes de réflexion pour un avenir meilleur.
Martine Feipel & Jean Béchameil ont longtemps porté des réflexions sur l’héritage du modernisme tout en relevant l’ambivalence, ils soulignent aujourd’hui la place de tous les êtres vivants comme centrale et interrogent de manière optimiste, le fait que les êtres vivants ne se limitent pas à habiter tel ou tel espace géographique mais à être un sol qui ne cesse de se métamorphoser et de s’adapter à la nature.
Hommage aux migrations d’hier, d’aujourd’hui et de demain
« Traversée de nuit » se réfère aux mouvements de population relatés par le médecin grec Ctésias dès le Vème siècle avant J.C., aux déplacements de populations de tous les temps, à la marche du sel de Gandhi en 1930, ou à celle de Mao Tsé Toung en 1934, mais aussi aux marches des réfugiées dans la jungle du Darien au Panama, jungle qu’ils traversent au péril de leurs vies pour rejoindre les Etats-Unis, sans oublier les migrations toujours plus risquées qui mènent vers l’Europe par des cheminement et des détours qui changent au grès des contrôles.
L’exposition s’ouvre sur l’œuvre « Traversée de nuit », une vidéo qui témoigne d’une action collective qui a eu lieu sur place avec les habitants de la région. Cette performance a débuté un mois avant l’ouverture de l’exposition, avec une procession au crépuscule d’une cinquantaine de participants de tout horizon.
Hommage à la nature
« Traversée de nuit » prend la parole pour le compte d’un absent qui ne peut s’exprimer lui-même, alors que nous sommes en pleine crise climatique et que la croissance, l’économie, et les valeurs même du travail, sont remises en cause.
L’oeuvre « Catch fire » est constituée de bannières de tissus colorées aux couleurs chatoyantes, réalisée à la suite de la série « Ni robot ni esclave » de 2019, elle renvoie à la fois aux luttes, et aux marches qui ont pu les accompagner, mais aussi aux œuvres textiles des années 1920 de Sonia Delaunay ou des artistes du Bauhaus ainsi qu’aux courants de pensées du XXème siècle.
« Hôtel Utopia » est un projet réalisé en 2018, lors d’une résidence de Martine Feipel & Jean Béchameil à Cala d’En Serra, petite crique nichée au nord d’Ibiza. Tournée dans le décor presque absurde d’un hôtel inachevé de l’architecte catalan José Luis Sert (1902-1983), disciple du Corbusier, Hôtel Utopia concourt à une critique d’un modernisme dépassé.
L’installation « Garden of Resistance », présentée en 2022 au sein de l’exposition éponyme au Mudam, est constituée d’aluminium. Visuellement, elle se présente comme un arbre qui a été abattu et dont le fût élagué est couché dans l’espace. De vivaces et solides rejetons aux couleurs franches, ornent sa partie supérieure. Leur présence évoque la résilience de la nature. Dans les espaces forestiers, un arbre mort est source de vie et d’hospitalité. Il s’y développe de nouveaux habitats. La faune et la flore s’y renouvellent. L’observation de ce phénomène nous convainc que le temps est cyclique et contredit les habitudes culturelles qui nous font appréhender le temps de manière linéaire, comme une succession d’événements avec un début et une fin. Ce sentiment est plus fort encore dans un monde qui frappe d’obsolescence, c’est-à-dire de mort programmée, les inventions techniques qui scandent la marche du progrès. Dans la sculpture Garden of Resistance, la vie est également induite par la légère rotation en continu d’un tronçon de l’arbre. Comme doté d’autonomie, ce mouvement, sans finalité, peut aussi se lire comme la résistance d’un objet mécanique à son obsolescence. Il deviendrait ainsi résilient. Une nouvelle œuvre intitulée « Oreamers » complète le propos de Garden of resistance. Une forêt d’arbres en céramique colorée, rappelle encore que la nature est résiliente.
Commissaire de l’exposition « Traversée de nuit » : Lydie Marchi.
Avec les soutiens : KULTUR LX, Fondation Independance by Bil, Wallonie-Bruxelles International, Centre Wallonie-Bruxelles, Paris.
Informations complémentaires : Exposition « Traversée de nuit »
Adresse : Centre d’art Châteauvert, Chemin de la Réparade, 83670 Châteauvert
Quand : Du 7 juillet au 26 novembre 2023. Ouvert en été du mercredi au vendredi de 14h à 18h, et le weekend de 10h à 13h et de 14h à 18h
Liens : Facebook – Instagram – feipel-bechameil.com