★ La Tuilerie Bossy présente l’expo « RÉVÉLER LA TERRE HISTOIRES DE CÉRAMIQUES »
Une remarquable exposition dédiée à l’art de la céramique a démarrée en ce début d’été, dans deux lieux en Provence. Le premier est au Musée du Vieil Aix et le second à la Tuilerie Bossy à Gardanne. Ensemble, ils se sont associés pour mettre à l’honneur la création contemporaine. Une exploration des histoires de terre(s), de la conception au geste créateur, de la transmission du savoir-faire à celle des œuvres pour les générations futures. Ce projet a comme ambassadeur deux artistes renommés, Daphne Corregan et Gilles Suffren. Le Musée du Vieil Aix présente une rétrospective-carte blanche de leur riche carrière de quarante ans, tandis qu’à la Tuilerie Bossy, leur héritage est confronté à de jeunes céramistes de l’École Nationale d’Art et de Design de Limoges ainsi que des céramistes de la Tuilerie, dans une mise en dialogue créative.

Daphne Corregan & Gilles Suffren, deux univers distincts qui se réunissent, sublimant l’art de la céramique
Daphne Corregan est Américaine née à Pittsburgh en 1954, Gilles Suffren a vu le jour en 1953 à Aix-en-Provence. Ces deux artistes céramistes d’envergure, partagent leur atelier depuis près de quarante ans, dans le sud de la France. Ils se sont rencontrés aux Beaux-Arts de Marseille, avant d’intégrer le célèbre atelier de Jean Biagini à l’École d’art d’Aix (1977). Ce véritable forum ouvert jour et nuit marqua durablement l’histoire de la céramique française de la deuxième moitié du XXe siècle. Au cours de leur carrière, tous deux ne cessent de voyager et d’entrer en résidence, notamment en Chine dans les années 2000, ce qui influence durablement leur travail. Si leurs œuvres se distinguent nettement et préservent une individualité formelle très marquée dans la majeure partie des cas, celles-ci ne cessent d’entrer en résonance et de dialoguer, d’une manière subtilement perceptible.
Daphne Corregan glane ses inspirations dans de multiples références où se mêlent les arts plastiques, populaires et décoratifs. Ses recherches donnent naissance à des pièces architecturales, poétiques et anthropomorphiques. Quant à Gilles Suffren, son travail repose sur un mouvement de pensée subtil entre la stabilité et le doute, l’équilibre et le déséquilibre, ainsi que la matière et le vide. A travers l’exposition les deux artistes nous révèlent des univers forts et singulièrement différents, tout en s’accordant parfaitement entre eux.
La Tuilerie Bossy est une histoire de passion et de transmission pour les Métiers d’Art, un modèle unique en Provence !
La Tuilerie Bossy date du XIXe siècle, elle est située sur un gisement d’argile au quartier de Valabre, dans la commune de Gardanne, à quelques kilomètres d’Aix en Provence. Transmis de génération en génération, ce site chargé d’histoire est revenu à Daniel Bossy en 2003. Dans la continuité de la tradition familiale, il se lance dans une minutieuse réhabilitation afin de développer un centre d’Artisanat d’Art. Rapidement, des Artistes et Artisans intègrent ce projet, en particulier Myriam Rétif, aujourd’hui présidente. Ensemble, il crée en 2006, l’association «Tuilerie Bossy-Métiers d’Art ». Son objectif est de promouvoir les Métiers d’Art et la création artistique, en réunissant tous ceux qui partagent la même passion, au profit du plus large public. La pluralité des disciplines représentées dans les ateliers de la Tuilerie Bossy est un terreau exceptionnel. Parmi les métiers on trouve bien sûr des céramistes, mais également d’autres artisans comme un horloger, une maroquinière, un artiste-peintre, une décoratrice florale, une créatrice de tissus, un photographe, un ferronnier, un créateur d’enduits anciens, une tapissière en ameublement,… Une adresse à visiter sans modération.



Exposition « RÉVÉLER LA TERRE HISTOIRES DE CÉRAMIQUES »
« Les expositions à thèmes sont pour moi une sorte de défi. Ces recherches suscitent des pièces auxquelles je n’aurais peut-être jamais songé autrement » Daphne Corregan en 1995
Dans leur parcours pédagogique, huit étudiants-céramistes de l’École nationale supérieure d’art et de design de Limoges ; Lou-Lolita Arnon, Victore Chiens, Hyein Choi, Letícia de Souza Bueno, Till-Nathanaël, Jade Tailhandier, Karina Ticona-Nava et Yiyang Yang, ainsi que Doris Happel, Anne Larouzé et Aurélia Rocher céramistes résidentes à la Tuilerie Bossy, ont exprimés leurs talents dans une relecture des œuvres de Daphne Corregan et Gilles Suffren.
L’invitation à ce projet d’exposition commune lancée au printemps 2022, par Daniel Bossy, Vincent et Romain Buffile, a été reçu avec gratitude, honneur et comme un véritable challenge par tous les participants. La céramique est une sorte de langage universel qui permets aux artistes de se retrouver. C’est ce dialogue qui a permis la naissance des oeuvres présentées. Le résultat particulièrement inspiré offre un beau témoignage à la rencontre des techniques, des formes, des références ou des questionnements de ces deux figures tutélaires.

Artiste Daphne Corregan et Lou-Lolita Arnon étudiante ENSAD Limoges
Dans le travail de Lou-Lolita Arnon, ses sculptures sont orgoniques et érectiles, jouant avec les matériaux pour créer des formes évocatrices et immersives. Pour l’exposition, c’est à travers les tensions de matières que son oeuvre fait écho aux pièces « Les anneaux » de Daphne Corregan, ces dernières mêlant jeux d’équilibre et courbes fluides. Nous pouvons aussi retrouver dans la réalisation de Lou-Lolita Arnon les tensions de matières du travail de Gilles Suffren.




Oeuvres de Anne Larouzé, Till-Nathanaël & Daphne Corregan

Anne Larouzé artiste à la Tuilerie Bossy
Considérant l’imagination comme une dynamique psychique majeure, le travail d’Anne Larouzé s’intéresse à la poétique des matériaux et joue avec les perceptions et les signifiés pour stimuler les processus d’imagination dynamique, s’appuyant sur les recherches du philosophe Gaston Bachelard. Pour cette exposition, Anne Larouzé propose l’oeuvre expérimentale « Slow motion » composée de la terre extraite dans la carrière de la Tuilerie Bossy. En écho aux recherches de Gilles Suffren et Daphne Corregan sur les liens, équilibres et déséquilibres, elle fait de l’argile, l’acteur à part entière de sa création, en jouant avec ses propriétés physiques et combinant savoirs-faire artisanaux et pratiques artistiques.


Artiste Daphne Corregan et Till-Nathanaël étudiant ENSAD Limoges
Sa rencontre avec Daphne Corregan a permis à Till-Nathanaël d’appréhender un langage artistique singulier et d’étudier les moyens d’expression qui le compose. Il a sélectionner un oeuvre de référence faisant la synthèse de plusieurs caractéristiques de la création de Daphne Corregan, telle la symétrie, le contraste du noir et blanc, l’expression d’une dichotomie entre le contenant et le contenu ou encore la figuration d’un motif floral. Ainsi, Till-Nathanaël choisit la pièce « Two bellies » comme support et cherche à maintenir l’équilibre entre inspiration et hommage, gravitant autour de l’écueil de la copie sans jamais y céder.




Artiste Daphne Corregan et Aurélia Rocher artiste à la Tuilerie Bossy
A la suite de sa rencontre avec Daphne Corregan et Gilles Suffren est née l’envie pour Aurélia Rocher de travailler en dialogue et de proposer un discours subtil entre deux oeuvres. Dans son installation « Blooming » Aurélia Rocher nous parle de fragilité, de mouvement, d’adaptation et d’impermanence. Elle a fait le choix de travailler avec un support, un moule pour contraindre la terre. Des zones restent vierges, une tension se crée. Dans son approche, il est aussi question du corps qui se construit, s’adapte , s’individualise. Des cicatrices à l’extérieur sont toujours visibles, d’autres ont été effacées. On retrouve les fleurs qui nous racontent le moment fugace de l’éclosion, pour lequel la plante donne toute son énergie pour s’ouvrir au monde.






Artistes Daphne Corregan et Victore Chiens étudiant ENSAD Limoges


Jade Tailhandier artiste étudiante ENSAD Limoges
Le travail de Jade Tailhandier est pluridisciplinaire et gravie autour de m’éco-féminisme, évoque la magie, des mondes utopiques, une mythologie des plantes, le folklore et symbole sacré. Elle penses les volumes comme autant de réceptacles dans lesquels se fixent des histoires. Ici, Jade Tailhandier s’est inspirées des vases communicants de Daphne Corregan, de l’imaginaire habité par les architectures d’Antti Lovag et par les Kerterrres d’Evelyne Adam.


Artiste Gilles Suffren


Artiste Daphne Corregan



Yiyang Yang artiste étudiant ENSAD Limoges



Hyein Choi artiste étudiante ENSAD Limoges
Pour l’occasion, Hyein Choi s’est inspirée des oeuvres « Forme sur cube » de Gilles Suffren et plus précisément de l’incertitude de ses éléments, souvent opposés et contradictoires. Les créations de Hyein Choi semblent être sur le point de s’effondrer est pourtant figées, stables comme émotionnellement équilibrées. Cette fragilité accentue le sentiment d’harmonie et de réconciliation de deux éléments opposés.




Letícia de Souza Bueno artiste étudiante ENSAD Limoges
Pour l’événement, Letícia de Souza Bueno s’est inspiré de l’équilibre atteint par Gilles Suggren dans la série « Terre debout ».

Doris Happel artiste à la Tuilerie Bossy
Les créations de Gilles Suffren ont inspirées Doris Happel, car elles semblent instables, en équilibre fragile, sans socle. Elles comportent souvent deux volumes, chacun étant une entité qui trouve son équilibre dans le lien qui la relie à l’autre. La démarche de Doris Happel a été de marier deux matières qui vont chercher un équilibre ensemble. La porcelaine qui cuit à 1280°C et l’argile qui fond, devenant lave à cette température. Une multitude de bâtonnets de porcelaine emplis d’argile sont ainsi plantés dans de l’alumine. A la cuisson, l’argile s’échappe, la lave rejoint les autres bâtonnets pour donner corps à l’ensemble de l’œuvre.



Artiste Gilles Suffren et Karina Ticona-Nava artiste étudiante ENSAD Limoges
Karina Ticona-Nava s’intéresse à la jouissance que peut procurer la peur. Elle réalise des personnages hybrides et des atmosphères macabres à la mise en scène d’une dualité attirance-répulsion. Ses sources d’inspiration viennent de la botanique, de l’entomologie et de l’anatomie. Elle s’est concentrée sur l’hybridation, la métamorphose et les anomalies. Inspirée par les oeuvres de Gilles Suffren, la sculpture de Karina Ticona-Nava est une manifestation des changements constants de l’existence, avec une réflexion sur l’équilibre délicat de la nature humaine.



Artiste Gilles Suffren




COMMISSAIRES D’EXPOSITION : Musée du Vieil Aix : Commissariat général assuré par Milène Cuvillier, conservatrice du patrimoine, responsable du Musée du Vieil Aix, assistée de Claudine Ripoll. Tuilerie Bossy Daniel Bossy, Myriam Rétif et Vincent Buffile, assistés des étudiants de l’ENSAD et de Joséphine Hasselin. Commissariat scientifique assuré par Daphne Corregan et Gilles Suffren. Certains textes issus de catalogue d’exposition. Photos BestArchiDesign
✓ Informations pratiques
★ ADRESSE : Tuilerie Bossy, 1285 chemin du moulin du Fort, 13100 Gardanne
★ DATES : du 17 juin au 16 septembre 2023. Entrée libre, de 10h à 12h30 et de 13h30 à 18h, sauf le lundi et mardi
★ LIENS : Tuilerie Bossy – Daphne Corregan – Ensa Limoges
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