La Fondation Villa Datris, un lieu dédié à l’art de la sculpture céramique contemporaine, à l’Isle-sur-la-Sorgue
Située dans une grande et belle demeure à l’Isle-sur-la-Sorgue, dans le Vaucluse, la Fondation Villa Datris a été fondée en 2011 par Danièle Kapel-Marcovici et son compagnon Tristan Fourtine. Amoureux de la Provence et de la création contemporaine, le duo désire avec ce projet partager leur passion pour l’art et la sculpture au coeur d’un lieu accessible à tout le monde. Aujourd’hui, avec sa riche programmation basée sur des expositions thématiques annuelles, la Fondation Villa Datris s’impose comme une adresse phare du paysage artistique et culturel en Provence, en France, et bien au-delà. Depuis son ouverture, plus de 500 artistes, reconnus ou émergents, nationaux ou internationaux y ont été exposés, et près de 350 000 visiteurs ont pu aller à la rencontre de leurs œuvres.
« À la Villa Datris, lieu de partage et d’échange, nous avons souhaité vous offrir notre vision de la vitalité de ce renouveau de la céramique et nous voulons vous en faire découvrir toute l’originalité et la créativité. Un univers vibrant, merveilleux et extravagant, qui réserve mille et une surprises ! »
Danièle Kapel-Marcovici
Exposition « Toucher Terre », l’art de la sculpture céramique
Depuis quelques années, l’utilisation de la terre à travers l’art de la céramique fait son grand retour sur le devant de la scène contemporaine. Les artistes semblent partager une vision du monde réparatrice, qui cherche à lier la société à la nature, les cultures passées à celles à venir. Plus actuelles que jamais, ces techniques immémoriales ouvrent un nouvel espace de créativité pour les artistes, qui y puisent une profonde énergie et une fabuleuse source d’inspiration. Une conception que la Fondation Villa Datris souhaite transmettre à son public. Ainsi, jusqu’au 1er novembre 2022, elle célèbre l’art de la céramique à travers l’exposition « Toucher Terre » . Un programme inédit, qui réuni dans la villa et son jardin plus de 130 œuvres par 100 artistes français et internationaux, historiques tels Pablo Picasso ou Fernand Léger, contemporains et émergents. Chacun d’entre eux explore avec imagination et singularité cette matière ancestrale qu’est la terre.
« Éclectique et joyeuse, la céramique permet tout, elle incarne la liberté et la sensualité. Elle peut être chargée d’engagements politiques ou sociétaux qu’elle exprime avec son langage mais c’est aussi pour les artistes une manière de voir le monde avec humour et impertinence, à travers une approche ludique et décalée. » – Danièle Kapel-Marcovici.
Partie n°1 : Le parcours thématique à l’intérieur de la villa
A travers ce reportage en deux parties, vous allez découvrir un grand nombre des œuvres issues de cette remarquable exposition. Une riche immersion dans toutes les salles, des trois niveaux de la Villa Datris, presque comme si vous y étiez…
Rez-de-chaussée, MATIÈRE À DESSINER : LE CABINET GRAPHIQUE
Dans l’art occidental, la terre était souvent utilisée comme ébauche pour former rapidement à la main une étude de sculpture. Au XXème siècle, elle prend sa place comme œuvre d’art finalisée. Avec la céramique, les artistes dessinent tout en se libérant des surfaces planes traditionnelles de la toile ou du papier. Si certains artistes expérimentent la peinture sur forme céramique, comme Pablo Picasso, d’autres dessinent avec la terre dans l’espace. Antoine Renard va jusqu’à donner forme à une peinture de Degas. Ébaucher, c’est aussi rater, reprendre, recommencer. Des artistes, tel Erik Dietman, l’intègrent à leur pratique. Avec l’art céramique contemporain, le brouillon et le raté prennent leurs lettres de noblesse.
Rez-de-chaussée, MATIÈRE VIVANTE : MAGIES DE NATURES
Terres, minéraux, eau, bois constituent les matières pour façonner ou cuire la céramique. Les artistes d’aujourd’hui rendent hommage à cette nature qu’ils ont extraite, pour mieux la célébrer. De la Scandinavie au Japon, en passant par les Etats-Unis, des artistes figurent des imaginaires de fonds marins ou de forêts. Qu’elle représente l’organique ou le minéral, chaque œuvre semble être animée d’une vie propre. Figée dans un mouvement chez Mette Maya Gregersen, elle paraît habitée chez Caroline Achaintre ou franchement féérique chez Klara Kristalova. L’humain est absorbé pour ne faire qu’un avec la nature, comme chez Françoise Pétrovitch ou Simone Fattal.
1er étage, MATIÈRE FRAGILE : TRACES ET FRAGMENTS DE TEMPS
Les recherches archéologiques ont renouvelé l’intérêt des artistes pour la céramique. S’inspirant de poteries et d’objets retrouvés, les artistes vont flouter la limite entre art ancestral et art contemporain. Certains, comme Alfiéri Gardone, s’intéressent aux gestes universels et primitifs, tandis que d’autres vont jouer sur les traces du temps. La céramique, prête à casser chez Théo Mercier, est brisée et reconstituée chez Ornaghi & Prestinari, déjà vieillie, fondue ou altérée chez Camille Virot ou prête à entrer dans les collections muséales chez Salvatore Arancio.
1er étage, MATIÈRE EN MUTATION : L’ALCHIMIE, ORGANISMES ET HYBRIDATIONS
Entre terre et feu, la pratique de la céramique invoque les récits séculaires de créateurs suprêmes et d’alchimistes dont les artistes vont s’emparer. Pandore, le Golem ou Adam n’auraient-ils pas été créés de glaise ? Dans la religion Dogon, le dieu Amma n’était-il pas potier ? Les artistes vont inventer de nouveaux organismes. Certains, comme Erin Jane Nelson, semblent déstructurer la nature jusqu’au stade de la molécule pour façonner des formes inédites, tandis que d’autres comme Edith Karlson fusionnent des espèces pour créer des hybrides, parfois inquiétants.
2eme étage, MATIÈRE MODERNE : L’ARCHÉOLOGIE DU FUTUR
Pour les archéologues, les objets les plus banals ou les décorations architecturales en céramique ont permis de reconstituer les cadres et modes de vie passés. Mais quels seraient les vestiges de notre quotidien contemporain ? Les artistes nous interrogent sur la société moderne et son héritage. Les souvenirs personnels et les objets du passé deviennent figés chez certains, comme Ninon Hivert. Pour d’autres, tel Jongjin Park, ce sont les gestuelles du quotidien, d’ordre et de désordre, d’équilibre précaire qui semblent suspendues hors du temps. Enfin, certains attestent et subliment la banalité des matériaux et matières de notre environnement, comme chez Dewar & Gicquel.
Rez de Jardin, MATIÈRE POLITIQUE : COMBATS ET MILITANTISMES
S’inspirant des poteries anciennes, sur lesquelles s’inscrivaient des récits et des mythes, les artistes contemporains s’emparent du médium céramique pour raconter leur engagement politique. Comme tactique de diffusion de leurs idées, certains artistes, telle Suzanne Husky, choisissent de peindre leurs combats sur des objets anodins. Pour d’autres, c’est la trace, toujours banale en apparence et qui dénonce des injustices, comme chez Rodolphe Huguet. Enfin, le combat peut se clamer haut et fort, avec des formes disproportionnées comme chez Barthélémy Toguo.
Fondation Villa Datris, exposition
⚑ ADRESSE : 7, avenue des Quatre Otages – 84800 L’Isle-sur-la-Sorgue
⚑ LIENS : fondationvilladatris.fr
⚑ DATES : Du 27 mai au 1er novembre 2022 – Entrée gratuite. En mai et juin du mercredi au samedi : 11h-13h / 14h-18h et dimanche ouvert en continu.